ACI St-Fons

Souvenir et mémoire

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Messaoud Barchichat et René Fernandez

   Les fidèles de la synagogue ORAH HAÏM auront sans doute remarqué la stèle à droite de l’entrée de la synagogue, inaugurée en présence du maire de St-Fons, Mme Christiane Demontès, le 8 janvier 2011. (cf. notre dernier Bulletin communautaire, n° 64, Nissan 5771)

Stèle René Fernandez 1

   Cette stèle remplace la plaque-souvenir qui se trouvait face au mur nord de la synagogue. A la mémoire du résistant René Fernandez, membre du groupe FTPF (Francs Tireurs Partisans Francais), assassiné à l’âge de 18 ans, le 10 janvier 1944 par les Miliciens de Saint-Fons, cet emplacement a été choisi par les autorités municipales en raison de la présence de caméras de vidéo-surveillance installées dans l’enceinte de la synagogue.

Stèle René Fernandez 2

   La communauté juive de St-Fons tient à associer à cet hommage un de nos coreligionnaires, dont on sait malheureusement peu de choses : Messaoud BARCHICHAT, également assassiné à son domicile, au n° 8 de la rue Albert-Thomas (d’après les listes nominatives partielles des habitants de la commune de St-Fons pour le recensement de 1936), le même jour et quasiment à la même heure [cf. Etat-civil de St-Fons - Registre des décès (1943-1952), n° 3].

   Voici brièvement l’histoire des derniers instants de ces deux hommes, d’après les témoignages que nous avions autrefois recueillis de plusieurs contemporains.
   Nous sommes le 10 janvier 1944 et la météo est d’une relative douceur.

   A quelques pas de la synagogue actuelle, entre les avenues Aristide-Briand et Albert-Thomas, se trouvent les maisons Pommerol. Un des appartements est loué à un résistant, le Lieutenant Edmond Partouche, du maquis de l’Azergues, lequel vient de temps en temps à St-Fons, notamment pour rendre visite à sa famille. C’est à son domicile que se tiennent les réunions clandestines du réseau de résistants saintfoniards, et ce fut le cas ce lundi d’hiver 44, cinq mois avant le débarquement en Normandie.

   Ce jour là, René Fernandez, employé à l’imprimerie Desfosse, rue carnot, croise plusieurs voitures de Miliciens sous les ordres de Riethmuller qui viennent d’arriver à St-Fons. Le jeune résistant, âgé de 18 ans, comprenant la situation, veut alerter ses camarades que des agents de la Milice viennent, vraisemblablement sur dénonciation, surprendre leur rendez-vous clandestin.

   Mais il est trop tard. Les Miliciens, à la solde de la Gestapo, ont rapidement investi la place. Ils frappent d’abord à la porte de l’appartement voisin occupé par un dénommé Messaoud Barchichat, mais ce dernier refuse d’ouvrir. Les miliciens, sans état d’âme, mitraillent à travers la porte et abattent sur le champ un juif marocain sans histoire.

   Puis, ils font irruption dans l’appartement où se déroulent la réunion des résistants du groupe Partouche. En recoupant les témoignages, il semble que le jeune René Fernandez, qui venait d’arriver, est tué alors qu’il tentait de s’enfuir en passant par la fenêtre. Un de ses compagnons d’arme, Antoine Garcia, réussit lui de justesse à s’échapper, mais deux autres résistants sont arrêtés, Marinette Barbosa, l’amie d’Edmond Partouche et Daniel Agus, lesquels seront déportés par la suite.

   Une plaque-souvenir, puis cette stèle commémorative ainsi qu’une rue à St-Fons rendent, de nos jours, un hommage mérité au résistant René Fernandez.

   Quelques mots cependant sur notre coreligionnaire Messaoud Barchichat, un oublié de l’histoire, né en 1906 à Mogador (Maroc). Il était célibataire et travaillait à l’usine coignet comme bon nombre de nos parents et amis. Il était le fils de Nessim Barchichat et Fréha Kadosch.

   Pour terminer ce récit, ajoutons qu’Edmond Partouche sera tué le 11 août 1944, à l’âge de 26 ans, à Clavesolles en manipulant un mortier de parachutage, et que le Groupe FTPF qu’il dirigeait comprenait aussi Chabanel Marius et Dina Bitton, cette dernière étant responsable des liaisons entre les résistants de Savoie et ceux de St-Fons. Quant au sinistre Reithmuller, ancien contremaître des usines Maréchal de Vénissieux, devenu le chef des Milices pétainistes de St-Fons, il sera condamné à mort par le Tribunal d’Epuration de Lyon.

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