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Cycle de l’année juive

Jeûne de Yom Kipour

    Le jour de Kipour ou du « pardon » est unique dans l’année : Chabat qui a préséance sur toutes les autres solennités s’appelle « Chabat »1, alors que Yom Kipour se voit attribuer le titre de « Chabat Chabaton ». Kipour est le nom qui dérive du verbe lekhaper2 (K.P.R. au pi’el). Passons en revue les diverses occurrences de la racine K.P.R. dans la Torah, afin d’en déterminer le sens précis.

    Tout d’abord, Hachem ordonne à Noa’h (Genèse 6,14) d’enduire (
vekhafarta est une déclinaison du verbe likhpor = enduire, recouvrir3) l’arche avec de la poix (=kofer), « en dehors et en dedans », pour que l’eau n’y pénètre pas. Et Mocheh reçoit l’ordre (Exode 25,17) de réaliser un couvercle (=kaporet) pour l’arche de l’alliance. Le premier sens que l’on peut par conséquent attribuer à la racine K.P.R. correspond à la notion de « couvrir », « cacher ». En effet, le jour de Kipour, en pardonnant les fautes, Hachem considère qu’elles n’existent plus, elles sont littéralement cachées (K.P.R. au pa’al), leur réalité est reniée (encore une fois K.P.R. au pa’al).

    Mais la racine K.P.R. a aussi un autre sens. De retour de ’Haran, Ya’aqov envoie des présents à son frère ’Esav pour le consoler, pour se réconcilier avec lui (
Akhaperah correspond au verbe lekhaper constitué à partir de la racine K.P.R. au pi’el) (Genèse 32,21). Et à la fin des temps, après les souffrances, Hachem consolera (Vekhiper = K.P.R. au pi’el) et son peuple et sa terre (Deutéronome 32,43 - cf. Rashi sur place).

    Ainsi, Yom
Kipour est placé sous le signe du pardon et de la réconciliation. « Pardon » parce qu’Hachem efface, couvre, renie nos fautes ; et « Réconciliation » parce qu’en ce jour spécial, nous nous rapprochons de notre père qui nous aime obstinément, et qui épand constamment ses bienfaits, même si nous ne sommes pas toujours disposés à le reconnaître.

    Yehi ratson que par les mérites cumulés du peuple juif et le concours de la miséricorde divine, cette journée de kipour soit la dernière : avant la kaparah finale du Deutéronome 32,43. En ces temps, la kaparah sera totale, car comme nous l’a promis Hachem (Jérémie 50,20) : « On recherchera le péché intentionnel d’Israël, et il aura disparu, les péchés non intentionnels de Yehoudah, et on ne les trouvera pas », amen veamen !

Techouvah pendant les 10 jours de pénitence

    1. La Techouvah (= le repentir) consiste à cesser totalement l’accomplissement des péchés, tout en regrettant ceux que l’on a pu commettre dans le passé. Même s’il est vrai que la Techouvah doit être une préoccupation constante tout au long de l’année, et qu’à chaque fois qu’une personne revient sincèrement vers Hachem, celui-ci l’accepte avec joie, il est une période dans l’année, propice à la techouvah : les 10 jours de pénitence qui vont de Roch Hachanah jusqu’à Yom Kipour. En effet, Rabah bar Avouh enseigne (TB Roch Hachanah 18a) : « Cherchez le Seigneur éternel pendant qu’il est accessible ! Appelez le alors qu’il est proche ! (Isaïe 55,6). Ce verset parle des 10 jours de pénitence. » Pendant ces 10 jours de jugement, Hachem attend que l’on revienne vers lui, il est attentif au moindre mouvement de techouvah de chaque personne !

    Roch Hachanah n’est en fait que le début du jugement. Rabbi Yo’hanan nous enseigne (TB Roch hachanah 16b) : « A roch hachanah, 3 livres s’ouvrent devant Hachem : celui des mécréants, celui des justes et celui des
moyens. Les justes sont inscrits le jour même pour la vie, tandis que le verdict des moyens est reporté à Yom Kipour... » C’est pour cela que chacun d’entre nous doit faire le maximum durant cette période, afin de se retrouver du bon côté.

    La Techouvah ne concerne pas seulement les mauvaises actions (notamment la médisance), mais également les mauvaises qualités telles que la colère ou le matérialisme dans toutes ses manifestations, de même que les
vices cachés (ou non) comme la jalousie, la haine, ou encore la moquerie, le mépris ou la dévalorisation (dans son for intérieur) d’autrui etc. La remise en question doit être totale et sincère. Rabbi Abahou nous enseigne (TB Berakhot 34b) que celui qui réussit à revenir dans le bon chemin en domptant ses instincts, se retrouve à un niveau supérieur à celui d’un juste qui n’a pas fauté. On apprend cela du verset suivant (Isaïe 57,19) : « Celui [Hachem] qui crée le fruit des lèvres [i.e la parole] [dit] : Paix, paix, pour qui s’est éloigné [et a fini par se rapprocher], de même que pour le plus proche ; ainsi parle le Seigneur éternel. » Dans ce verset, Hachem octroie la paix, d’abord à celui qui a fait techouvah, et ensuite au juste qui ne s’est jamais éloigné de lui. La personne qui a fait techouvah a un mérite extraordinaire : elle a goûté à la faute, connaît sa saveur, et réussit quand même à contenir ses instincts.

    2. Même si Hachem rejette une personne, avec une techouvah sincère, cette dernière peut retrouver grâce à ses yeux. Citons l’exemple du roi Yekhonyah qui était mécréant, au point qu’Hachem dit à son encontre (Jérémie 22,24-25) :
[Je jure] par ma vie, dit le Seigneur éternel, quand bien même Konyahou [= Yekhonyah] fils de Yehoyaqim, roi de Yehoudah, serait une bague à ma main droite, je t’en arracherais, et te livrerais aux mains de ceux qui veulent te tuer, aux mains de ceux que tu crains, aux mains de Nevoukhadnetsar roi de Bavel, et aux mains des Chaldéens, puis (Jérémie 22,30) : [...] Inscrivez cet homme comme étant sans postérité, comme quelqu’un qui ne réussira rien au cours de sa vie ; car aucun de sa descendance ne réussira à s’asseoir sur le trône de David, ni à régner sur Yehoudah ; malgré tout cela, après sa techouvah en exil (à Babylone), Hachem annonça à propos de son petit fils Zeroubavel (’Hagai 2,23) : [...] je te prendrai, ô Zeroubavel fils de Chealtiel, toi mon serviteur - parole du Seigneur éternel Tsevaot, en te considérant comme une bague sigillaire, car c’est toi que j’ai choisi, parole du Seigneur éternel Tsevaot. Voilà de quoi redonner courage à tous ceux qui se sentent éloignés de notre père qui est aux cieux.

Notes

1 La racine CH.B.T = Arrêt, repos. Retour

2 En hébreu, les consonnes k et kh sont formées à partir de la même lettre : k = et kh = כ Retour

3 La racine K.P.R. au pa’al, donne le verbe likhpor qui signifie dans ce passage de la Genèse : « enduire », « couvrir ». Likhpor désigne aussi l’action de « nier » qui est en fait celle de « couvrir » la vérité ou « se voiler la face ». Retour


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